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lundi 21 novembre 2016

"le sentier d'Ophélie" infos expo


le sentier d'Ophélie 
Prolongé jusqu'au 18 décembre 

Une suite de 22 photographies inédites réalisées dans les gorges du Bruyant, et autant de dessins récents. 

Pour les visites les week-ends et après 19h, me contacter par mail, je me ferais un plaisir de vous y retrouver pour vous présenter cette nouvelle exposition.

Le catalogue de l'expo est en ligne > 26 pages, format 22x22cm  (15.95€)  LIEN 
22 photographies + un texte qui évoque le lent processus qui m'a amené à cette sélection et à Ophélie...

contact : pierre-gaudu@orange.fr    
tél: 06 84 27 73 30



Ophélia par John Everett Millais

Ophélie par Delacroix 

Ophélie, une passion

« L’Hamlet de Shakespeare est peut être la création littéraire la plus difficile à exprimer en peinture » écrit Théophile Thoré dans un long article du Siècle dans lequel il soutient avec admiration  le jeune Eugène Delacroix. Spectateur de la première représentation d’Hamlet à Paris en 1867, Delacroix, comme beaucoup d’autres de ses contemporains,  est tombé sous le charme d’Harriet Smithson, Ophélie sur la scène. Mais contrairement à la plupart, il en donnera un image déchirante, bien loin de celles qui forgèrent la légende de la belle. Qu’est-ce qui l’a poussé à rompre avec l’image d’Ophélie endormie dans le ruisseau en pleurs, parée de fleurs ? Cette vision de Delacroix a ému et interrogé Pierre Gaudu qui a cherché des réponses sur les bords du Bruyant dont les eaux secrètent, au fil des saisons, toutes les raisons d’être ou de disparaître.
Harriet Smithson, Millais, Rimbaud, peintres et poètes du XIX° forgent avec passion la légende d’Ophélie. Images d’une jeune femme pure, amoureuse, douce ingénue pour les uns, enfant simplette pour d’autres tel son frère Laërte qui la réprimande sévèrement : « Vous n’êtes qu’un bébé d’avoir pris ces offres pour bon argent qui sont fausse monnaie« . Mais que croire ? La lettre à « la très embellie » ou l’humiliation, « va-t-en dans un couvent » ! Ophélie est perdue. Le dernier coup porté à son cœur torturé par l’épée d’Hamlet dans celui de son père, scelle son malheur. Poussée par le désespoir, elle aurait sombré dans la folie, les fleurs et le flot.

« Ophélie tomba dans le ruisseau en pleurs, telle une sirène, mais bientôt ses habits alourdis par l’eau tirèrent la pauvresse vers une mort boueuse. » Alors, suicide ? Comme l’un des fossoyeurs, Rimbaud en est persuadé et une longue tradition le répète. Accident ? Comme l’autre le défend, Delacroix l’imagine qui saisit le regard Ophélie plein d’effroi alors qu’elle glisse, une main encore accrochée à la branche qui vient de céder. La branche — « envious sliver » — rameau perfide, jet envieux, hésitent les traducteurs. Suicide ou accident, là est la question. Comme Delacroix, Gaudu devine que ce ne pouvait être un ruisseau qui emporte Ophélie, mais un remous puissant, irrésistible qui fait de la chute un incident fatal. Une rivière ? Mieux, un torrent dont les rives s’effacent soudain sous les pas. Un torrent dont les eaux se colorent des reflets des fleurs et du ciel, les ravit à ses rives et les emportent.

D’Ophélie, les images de Pierre Gaudu évoquent avec délicatesse la beauté, la mélancolie, le chagrin et la tragique destinée. Elles suggèrent que le  monde est impossible pour les sentiments les plus doux.  Les images évoquent, suggèrent… le sentier d’Ophélie de Pierre Gaudu reste mystérieux, fidèle à l’écriture du poète. Shakespeare ne le contredirait pas , si d’Hamlet on ne retenait que la tourmente de l’amour. Pierre Gaudu, peintre et poète, est « homme de style  et d’expression, d’image et de sentiment » en reprenant les mots de Thoré. Entre suicide ou accident, il ne choisit pas parce qu’au fond ce n’est pas ce qui importe. Avec un style très sûr qui mêle photographie et peinture, l’artiste fait entendre que le torrent sait mais qu’il ne tranchera pas ce que le sort a noué. De l’écume tumultueuse, il laisse juste filtrer un murmure : folle Ophélie ? Folle, non. Folle de douleur, oui.

Après la visite de l’exposition : Pierre Gaudu, le sentier d’Ophélie, Espace Col’inn

le blog broutilles à l'aneth > http://lary-stolosh.blog.lemonde.fr/


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